Les femmes


Les paysannes :


Femmes de la campagne Lorraine

Dans la société rurale du 19ème siècle, les femmes vivaient dans l’ombre de l’homme, discrètes et efficaces. Pourtant, elles ont joué un rôle très important et elles assumaient une multitude de tâches aussi diverses que rebutantes. La reconnaissance de leur travail n’a eu lieu que très récemment, puisque vers 1960 les épouses d’agriculteurs n’avaient d’autre statut que celui de femme au foyer à qui on octroyait à l’âge de la retraite, une pension minable.

La maison : le lot premier des femmes est bien de gérer la maison et les enfants. La paysanne du 19ème siècle avait fort à faire. En règle générale, elle avait 6 ou 7 enfants. Le confort n’était pas encore entré dans les foyers. A elle de péparer les soupes géantes, les galettes de blé noir, de faire cuire les raves ou les choux pour nourrir toute la famille. Une fois par semaine, voire tous les quinze jours, la fabrication du pain lui revenait de droit. Pétrir la pâte dans la maie, laisser lever les tourtes pendant que l’homme chauffait le four, était une tâche prenante et longue. Toujours en quête de nourriture pour sa famille, c’est elle aussi qui cueillait les fruits et les mettait à sécher dans les bourolles pour les sortir au fil de l’hiver, qui ramassait les châtaignes et les mûres…A une époque où l’on vivait en autarcie, il fallait trouver sur place tous les aliments nécessaires. Aussi les volailles qu’elle élevait apportaient la viande des jours de fêtes. Elle utilisait au mieux les produits laitiers, fabriquant beurre et fromages pour la consommation familiale. Il lui fallait assumer également les grandes lessives, le raccommodage des vêtements et le filage de la laine.

Les travaux agricoles : mère de famille, cuisinière, ménagère, la paysanne devait apporter ses bras à tous les travaux de la ferme. Les soins aux animaux l’accaparaient toute la journée. La main fine des femmes n’était-elle pas plus apte que celle des hommes pour traire les vaches ? Les mener au pré était son lot quotidien jusqu’à ce que les enfants soient en âge de prendre la relève. Là-bas, elle ne restait pas inactive, emportant un pantalon à réparer ou quelques chaussettes à raccomoder. Préparer la pâté du cochon, soigner volailles et lapins lui revenait aussi de droit. A ceci, il fallait ajouter sa participation aux gros travaux qui jalonnent l’année du paysan. Au printemps, elle accompagnait les hommes aux champs pour semer choux et navets, biner, sarcler. En juin, les foins prenaient le relais, coiffe blanche ou chapeau de paille sur la tête, elle fanait inlassablement les andains, aidant même à charger et décharger les charettes. Le soleil brûlant de juillet cuisait les peaux des moissonneurs, mais aussi celle des moissonneuses qui liaient les gerbes, glanaient les épis. En automne, elle ratissait les feuilles mortes et en octobre, elle participait aux semailles, menant les bœufs tandis que l’homme tenait l’araire.

Ame de la maison, pilier de la famille, la femme murée dans sa discrétion, menait son foyer d’une main de fer, sachant mieux que quiconque tenir les cordons de la bourse.


Jeanne Fallet et ses enfants 1937

Sources : Jeanine Berducat , l’Almanach Berrichon

Les mères :


Odile et Jeanne Fallet 1915




Un jour, j’en ai rêvé…

J’ai rêvé d’une dimension intérieure

Et d’un pouvoir immense à peine deviné,

D’une moitié de planète en croisade de bonheur

Avec ce don unique de l’âme maternelle:

Donnant la vie et luttant pour elle.
Ne cherchant surtout pas l’égalité

Mais en cultivant la différence et l’originalité.

Loin des banderolles et des slogans…

Tout contre les combats de chaque instant.

Tout reste à faire, car bien peu a bougé,

Cette dépendance n’est pas prête de se fissurer.

Honorant pourtant celle qui ont voulu l’ébranler,

Elles aussi l’ont rêvé…


Blanche et Thérèse Forest 1912


A toutes les autres, elles auraient dû crier:


Jeanne Fallet (4è gauche 1er rang)

Ecole du Sacré Coeur de Verdun en 1911

Ne compter que sur vous,

Les compétences sont en vous,

Osez, sortez, prenez,

Aimez, arrachez, inventez…

C’est vous qui portez l’humanité!


J’ai rêvé d’une liberté à conquérir

Et d’une autonomie à construire.

J’ai rêvé d’un monde d’homme

Avec une conscience de femme.


Dominique Fortin 1995